lundi 11 juillet 2016

Sewell - Ville fantôme - Pâtrimoine mondial de l'UNESCO

En plein cœur de "El Teniente", la plus grande mine souterraine de cuivre du monde, la ville de Sewell illustre 100 ans d'histoire d'une industrie ultra-capitalistique qui a transformé le Chili. Le site est classé au Patrimoine Mondial de l'UNESCO de ce fait la visite est encadrée par une agence touristique agréée. Il faut deux heures en car depuis Santiago pour pour atteindre l'entrée de la mine, plus que jamais active. Puis une heure à flanc de montagne pour remonter les différents procédés industriels jusqu'à l'extraction. Les va-et-vient incessants de camions témoignent de l'intense activité de la mine. La montagne a fait place à une vaste usine tentant de résister aux éboulements et avalanches.

Concassage phase 2
Concassage phase 2
La ville de Sewell
Bassins de flotation
Dessin de Sewell quand 15000 personnes y vivaient (app. 1960)
En 1905 la ville de Sewell est créée de toute pièce par un riche concessionnaire étasunien. Un chemin de fer vertigineux permettait alors d'y accéder en quelques heures depuis Rancuagua. La ville s'est développée (à coups de généreux dollars) à la verticale avec une cohérence urbanistique notable, entièrement piétonne et structurée autour d'un escalier central. Les immeubles colorés tranchent avec le décor austère des Andes. Dans ce lieu aux allures de la ville de montagne du futur, les meilleurs services du Chili s'y développèrent à l'image du Club de Bowling ou de l'hôpital nationalement réputé. Sewell atteint une population de 15000 personnes à son apogée. En 1945 un énorme coup de grisou suivi d'un incendie tua 355 mineurs. De cette tragédie émergèrent les premières consignes de sécurité qui ne cessèrent de se développer par la suite dans tout le pays.

Construction de la cheminée de la fonderie
Les fonderies aujourd'hui
Le chemin de fer de l'époque
La salle de Bowling
Fresque sur la tragédie de 1945
"Trouvez les 24 manquements à la sécurité"
La mine de cuivre est une bien affaire rentable et mineurs obtinrent des avantages pécuniaires et sociaux confortables pour l'époque. Fin des années 1960, la société est nationalisée puis étatisée, sous le nom bien connu de Codelco. L'entreprise chilienne ne pouvant subvenir au niveau de vie des mineurs dont le logement, la nourriture et les services étaient fournis comme avantages en nature, celle-ci lançât un programme d'offre de propriétés privées en vallée tout en construisant une route bitumée réduisant l'accès à la mine à environ une heure. Un exode rapide s'amorce jusqu'en 1980. Grâce à l'UNESCO, une petite partie de cette incroyable îlot urbain reste sur pieds. Aujourd'hui plus personne ne vit à Sewell, et de nombreux procédés sont pilotés à distance par fibre optique. Sous terre, les 3000 km de galeries continuent à régurgiter le cuivre qui servira à fabriquer tuyauteries, fils électriques, appareils électroniques, instruments de musiques, monnaies etc.



Plus d'informations:
- Communication de El Teniente sur l'histoire et le futur de la mine: Lien
- Site internet de Codeco pour les visites touristiques: www.sewell.cl
- Site internet de l'UNESCO: whc.unesco.org/fr/list/1214

F&P

lundi 4 juillet 2016

Valdivia, la ville des fleuves

À la confluence de quatre fleuves, Valdivia est un îlot d'urbanisation perdu au milieu des forêts endémiques et des eaux sombres, aux antipodes de la capitale. Porte d'entrée sur les terres australes à quelques 900 kilomètres au sud de Santiago, cette petite ville de 160.000 habitants est connue pour son campus universitaire verdoyant, ses tours fortifiées, ses maisons coloniales, son marché et ses brasseries. Mais ce fut aussi l'épicentre du plus gros tremblement de terre jamais enregistré sur terre qui en 1960 atteignit la magnitude de 9,5.

Les quais de Valdivia
Le marché couvert de Valdivia
Ambiance authentique
Murtas: sorte de fraise des bois poivrée
Chupón: fruit endémique de la région 
Le peintre sur bois recyclé

Le marché couvert est l'attraction phare de Valdivia, on y découvre des fruits insolites, de nombreux légumes et produits de la mer dans une ambiance populaire et familiale. Les lions de mer font le spectacle toute la journée. Ces mastodontes offrent aux touristes un panel de scènes quotidiennes insolites, dévorant les restes de poissons du marché, nageant les uns avec les autres ou encore se bagarrant pour rester sur le ponton lors de la sieste digestive.


Départ pour Corral en bâteau
Le port isolé de Corral en proie aux incendies
Les dunes de Chaihuin
Delfines en Chaihuin
Nous avons été chaleureusement accueillis par la famille d'une voisine santiaguinaise qui nous fit découvrir durant 3 jours sa splendide région. Spécialisée en biologie forestière, Natalia nous a témoigné de l'importance de l'industrie du bois dans la région mais aussi des conséquences du remplacement des forêts natives millénaires par des essences plus productives dont la culture bouleverse les paysages et l'écosystème. Son père, très curieux sur notre démarche de travoyageur, nous posa mille questions sur la France et notre vision comparative avec le Chili. En retour il nous conta ses souvenirs d'enfant témoin du tremblement de terre de 1960 et des changements de paysage que causa ce cataclysme, comme l'affaissement des champs qui furent alors submergés par les fleuves.

Façade d'une maison coloniale
Festival International de ciné de Valdivia
La "Région des Fleuves" est un territoire ayant appartenu aux indigènes durant l'époque pré-coloniale. Nos hôtes nous partagèrent leur point de vue sur les conflits actuels qui font régulièrement la une des informations en "live". Malgré la bonne volonté générale des habitants de la région, le mode de vie revendiqué par les héritiers des peuples natifs parait incompatible avec le système sociétal dominant. Sur les murs de Valdivia, des fresques illustrent d'ailleurs cette lutte devenue symbolique.

Liberté pour les prisonniers politiques Mapuche 
Liberté et résistance


Coup de cœur cinématique sur le thème de l'eau, la culture des natifs, la dictature: Le Bouton de Nacre, de Patricio Guzman.

F&P